Nicolas et Elena ROERICH

Bref essai de la Biographie de Nicolas et d’Eléna ROERICH

                                   

          NICOLAS ROERICH est né à Saint- Pétersbourg  le 27 septembre 1874, (10 octobre pour le calendrier grégorien) qui ne fut adopté en Russie qu’en 1918).  Fils aîné  au sein d’une famille de la haute bourgeoisie russe, d’un  père avocat et notaire, Konstantin Roerich et de sa femme Maria qui recevaient très souvent de nombreux écrivains, artistes et scientifiques.

De nature très curieux, il montre très rapidement un talent pour une grande variété d’activités. A l’âge de 9 ans une rencontre le marquera profondément. « Un archéologue de renom vint mener des explorations dans la région et emmena le jeune Roerich dans ses fouilles des tumulus locaux. L’aventure de dévoiler les mystères des époques oubliées de ses propres mains a suscité un intérêt pour l’archéologie qui durera toute sa vie. Grâce à d’autres contacts, il a développé des intérêts dans la collecte d’artefacts préhistoriques, de pièces de monnaie et de minéraux, et construit son propre arboretum pour l’étude des plantes et des arbres. 

Roerich révèle une prodigieuse capacité de travail. Très jeune, il montre une aptitude particulière pour le dessin et, à l’âge de seize ans, il a commencé à penser à entrer à l’Académie des beaux-arts et à poursuivre une carrière d’artiste ». Il s’inscrit à l’Université de Droit de St Pétersbourg et simultanément à l’Académie Impériale des Beaux Arts.

En 1895, (21 ans) Roerich rencontre l’éminent écrivain, critique et historien Vladimir Stasov. Celui-ci lui présentera les compositeurs et artistes de l’époque : Moussorgski, Rimski-Korsakov, Stravinski, Fiodor Chaliapine. Il va à de nombreux concerts, les œuvres de Glazunov, Liadov, Arensky, Wagner, Scriabine et Prokofiev, un enthousiasme profond pour la musique se développe. Par la suite, au cours de sa carrière de décorateur de théâtre, il a crée des dessins pour la plupart des opéras de Wagner.

Il devient très vite directeur de la Société pour l’Encouragement des Arts où sont enseignés tous les arts sous un même toit. Constamment, il cherchera à détruire le compartimentage, jusque dans sa production artistique. Il a institué un système de formation artistique qui semble révolutionnaire même selon les normes d’aujourd’hui : enseigner tous les arts, la peinture, la musique, le chant, la danse, le théâtre, et les arts dits «industriels », comme la céramique, la peinture sur porcelaine, poterie et dessin mécanique – sous un même toit, et de laisser libre cours à sa faculté pour concevoir son propre programme.

Sa thèse universitaire terminé, Roerich envisage de partir un an en Europe pour visiter les musées, expositions, ateliers et salons de Paris et de Berlin.

Juste avant de partir, il fait une rencontre déterminante : Eléna, fille de l’architecte Shaposhnikov et nièce du compositeur Moussorgski. Dès leur rencontre, ils sentirent l’importance, la force qui les réunissait. Ils se fiancèrent.

Après son retour d’Europe, le 28 octobre 1901, Nicolas 27 ans et Eléna 22 ans, se marient.  Toute leur vie durant, Eléna soutiendra Nicolas dans ses projets. Ils partageront leurs idées et s’assureront un soutien sans faille.

ELENA voit le jour le 31 janvier 1879 (12 février dans le calendrier grégorien) à St Pétersbourg. En grandissant, elle donne rapidement des signes de précocité : elle apprend à marcher à dix mois et parle dès le plus jeune âge avec une maîtrise exceptionnelle du langage. Dès l’enfance, Éléna fait des rêves profonds et  prophétiques, et prétend recevoir des visions de nature à la fois personnelle et spirituelle. A l’âge de six ans, elle lit et écrit déjà couramment le russe, le français et l’allemand, et elle montre une extrême sensibilité à la beauté sous toutes ses formes, particulièrement celle de la nature qui laisse une forte impression sur son esprit. Les livres vont devenir ses meilleurs professeurs et amis.

A seize ans, après la fin de ses études au Lycée, elle rentre dans une école de musique pour étudier le piano et simultanément se perfectionne en français et en anglais. Elle deviendra une excellente pianiste.

De leur union naissent deux fils :

  • Georges[1] né le 16 août 1902
  • Svetoslav[2] né le 23 octobre 1904.

En 1906, Sergei Diaghilev[3] organisa une exposition de peintures russes à Paris.  Cela devait attirer l’attention des Européens sur l’art et la musique russes. L’exposition comprenait seize œuvres de Nicholas Roerich. En 1909, il présente Chaliapine (Chanteur d’opéra (basse) et acteur) dans Ivan le Terrible de Rimsky-Korsakov, avec des costumes et des décors conçus par Roerich. Par la suite, Roerich créera des costumes pour de nombreuses représentations, ballets.

En 1915, 41 ans, Roerich, malade d’une pneumonie est envoyé par son médecin pour récupérer à Sortavala, en Finlande. Sa famille le suit. 1917, temps difficile en Russie, c’est la révolution,  y retourner aurait été dangereux.

Entre 1916 et 1919, Roerich écrit un recueil de soixante-quatre poèmes en vers blancs qui furent publiés à Berlin, en russe, sous le titre Flowers of Morya. Ils seront par la suite publiés en anglais sous le titre Flame in Chalice. Ces poèmes[4] évoquent le voyage intérieur de Roerich et son engagement dans la recherche spirituelle.

En 1918, à 44 ans, un entrepreneur suédois invite Roerich à exposer ses peintures à Stockholm.

Suite à une invitation de Sir Thomas Beecham qui l’invite à concevoir une nouvelle production du prince Igor pour le Covent Garden Opera, la famille Roerich part pour Londres.

Vient ensuite une invitation du Chicago Art Institute, Amérique. Il accepte cette invitation

En 1920, à 46 ans, première exposition à la Kingore Gallery de New York. Des expositions suivront dans de nombreuses villes des États-Unis, elles rencontreront toutes un grand succès.  Plus de 400 peintures sont exposées. En parallèle, Roerich continu de concevoir les décors et les costumes pour les productions de « The Snow Maiden », et « Tristan et Isolde » pour la Chicago Opera Company.

       « En 1921 à 47 ans,  il fonde le « Master Institute of United Arts », à New York, dans lequel il prévoyait de réaliser les concepts éducatifs qu’il avait incorporés dans le programme de Saint-Pétersbourg. Jusqu’en 1937, le Master Institute prospère, mais ne survivra pas aux épreuves que vit le pays « La Grande Dépression » et par l’absence de la famille Roerich qui était en expédition en Extrême Orient ».

Celle qui guide. Nicolas Roerich

De son côté, Eléna écrit.

Dès mars 1920, à l’âge de 41 ans, elle commence à écrire une série de livres, dont l’un est appelés «  Enseignement de l’Éthique Vivante. « Ces livres traitent de l’évolution de l’humanité. On peut y lire, entre autres, que l’être humain serait directement responsable de la qualité de ses pensées, lesquelles détermineraient non seulement sa santé physique et psychique, mais également l’état de la planète tout entière ».

Ensemble, Nicolas et sa femme Eléna  sont les cofondateurs de l’Agny Yoga Society[5].  L’Agni Yoga, est aussi appelé « Enseignement de l’Éthique de Vie ». Agni signifie « feu » en sanscrit. Pour les Roerich, ce terme fait référence à un feu spirituel à l’intérieur du cœur, ou une  énergie psychique, qui est définie comme la force centrale sur laquelle la vie se fonde, et qui pourrait et devrait être affinée et cultivée.

En 1923, à l’âge de 49 ans et Elena 44 ans, la famille part en Inde. (Georges 21, Svetoslav 19 ans). A Bombay visitant de nombreux centres culturels et sites historiques, ils rencontrent sur leur route, de nombreux  scientifiques, universitaires, artistes et des écrivains indiens.

Fin décembre de cette année, ils sont déjà au Sikkim sur le versant sud de l’Himalaya. Cette expédition au cœur de l’Asie : Turkestan chinois, Altaï, Mongolie, Tibet dure plus de trois ans, elle a pour but de faire des recherches sur l’histoire, l’archéologie, l’ethnographie, les arts, la philosophie et la religion. Le périple effectué à cheval sera très éprouvant.

        En 1927/28, au retour de l’expédition, la famille ROERICH s’installe dans la vallée de KULU en Inde, à 6 500 pieds d’altitude dans les contreforts de l’Himalaya. Ils fondent l’Institut d’Etudes Urusvati dont le but est de faire la synthèse des connaissances acquises au cours de l’expédition et des explorations qui étaient encore à venir. Les activités de l’Institut comprenaient des études botaniques[6] et ethno-linguistiques et l’exploration de sites archéologiques. Le rêve d’Elena est d’établir à Kulu une véritable cité de la Connaissance avec en son sein un centre scientifique international.

        En 1929, lors d’un voyage à New-York, à 55 ans, Roerich soulève une question qui lui tient à cœur depuis de nombreuses années

« Prenant l’exemple de la Croix-Rouge, il proposa un traité pour la protection des trésors culturels en temps de guerre comme en temps de paix (une proposition qu’il avait tenté en vain de promouvoir en 1914). En consultation avec des juristes versés dans le droit international, il rédigea un pacte, et a suggéré qu’un drapeau flotterait sur tous les lieux sous sa protection. Ce drapeau, il l’appela « la Bannière de la Paix [7]». Le dessin de la bannière montre trois sphères entourées d’un cercle, de couleur magenta sur fond blanc ». Le lien entre la religion, l’art et la science. Il a également décrit le cercle comme représentant l’éternité du temps, englobant le passé, le présent et le futur.

        Enfin, le 15 avril 1935, les efforts de Roerich (61 ans) aboutirent. Le pacte Roerich sera signé à la Maison Blanche en présence du président Franklin Delano Roosevelt, par tous les membres de l’Union panaméricaine. Il a ensuite été signé par d’autres pays également. Ce pacte est destiné à obtenir un agrément international pour la protection des institutions artistiques et scientifiques et des monuments historiques. Ce pacte[8], toujours en vigueur, a servi de base à la Convention de la Haye en 1954 et à la fondation de l’UNESCO.

1947, la santé de Nicolas se détériore et il décède à Kullu le 13 décembre à l’âge de 73 ans. Son corps a été incinéré et ses cendres enterrées sur une pente face aux montagnes qu’il aimait et dépeintes dans plusieurs de ses œuvres (environ sept mille œuvres).

   

Ce n’est qu’en 1949 que l’institution « Master Institute of United Arts », renaît sous le nom de « Nicholas Roerich Museum »[9], au 319 West 107th Street dans l’Upper West Side de Manhattan, où elle est restée jusqu’à aujourd’hui.

« La poursuite du raffinement et de la beauté était sacrée pour Roerich. Il croyait que bien que les temples et les artefacts terrestres puissent périr, la pensée qui les fait exister ne meurt pas mais fait partie d’un courant éternel de conscience – les aspirations de l’homme nourries par sa volonté dirigée et par l’énergie de la pensée. Enfin, il croyait que la paix sur Terre était une condition préalable à la survie planétaire et au processus continu d’évolution spirituelle, et il a exhorté ses semblables à aider à atteindre cette paix en s’unissant dans le langage commun de la Beauté et de la Connaissance ».

Durant tout le temps ou Nicolas peignait,  Eléna écrivait des ouvrages sur la vie de grands mystiques et instructeurs de l’humanité. Elena est l’auteur de nombreux livres.  Suite à  « Enseignement de l’Éthique Vivante »,     elle a aussi écrit « Au Carrefour de l’Orient »  et « Les Fondations du Bouddhisme ». Elle fait également une traduction russe de « la Doctrine secrète » d’Helena Blavatsky. Rassemblées en deux volumes, ses Lettres, sont un exemple de la sagesse, de la perspicacité spirituelle et des conseils simples qu’elle a partagés avec une multitude de correspondants du monde entier. Dans ses Lettres, elle s’attache à répondre aux nombreuses questions qui lui sont posées, donne des explications sur des questions philosophiques et scientifiques. Elle parle des grandes Lois du Cosmos, du sens de la vie, de l’importance de la culture pour l’évolution humaine, des Grands Instructeurs. Elle insiste sur l’importance du rôle de la femme dans la nouvelle ère.

Elle meurt à l’âge de 76 ans,  le 5 octobre 1955  à Kalimpong,  à l’est de Darjeeling en Inde.

Elena a écrit :

« Grand est le pouvoir de l’art. Si les chefs de gouvernements comprenaient pleinement l’importance pédagogique de l’Art, ils appliqueraient tous leurs efforts et tous les moyens pour éveiller le feu créateur dans leur nation et nourriraient ce feu de musique, de couleurs et de formes magnifiques. Ni les révolutions, ni les guerres ne pourraient trouver d’écho dans la conscience raffinée de ceux qui répondent aux vibrations supérieures. Les sports violents, des jeux grossiers et sans beauté ne font qu’augmenter la brutalité des mœurs. La beauté du pouvoir subtil de la pensée et de la créativité se perd, et il ne reste plus que le fracas et les hurlements victorieux de la force brutale. »

« L’étude et l’enseignement des arts devrait tenir une grande place, de même que l’étude de l’importance de la couleur, des sons et des odeurs et de leur influence sur les conditions de vie de l’homme en général. »

 

Notes:

[1] Georges né le 16 août 1902 à Okoulovka, Russie, et décédé le 21 mai 1960 à Moscou. Tibétologue russe, il traduit les « annales bleues » en 11 volumes.

[2] Svetoslav né le 23 octobre 1904 et décédé le  30 janvier 1993, peintre. Il étudie dès son plus jeune âge sous la tutelle de son père.  En 1919  il étudie l’architecture en Angleterre et en 1920 entre à l’école d’architecture de l’Université de Columbia. En 1926  il remporte le Grand Prix de L’exposition « Sesquicentennial » à Philadelphie.

[3] Sergei Diaghilev  est un organisateur de spectacles, critique d’art,  protecteur des artistes. Créateur et impresario de génie, il fonde les Ballets russes d’où sont issus maints danseurs et chorégraphes qui ont fait l’art de la danse du xxe siècle.

[4] https://www.roerich.org/roerich-writings.php

[5] http://fr.agni-yoga.com         https://fr.wikipedia.org/wiki/Agni_yoga

[6] Sous la direction de leur père, les deux fils Roerich, George et Svetoslav, ont établi une collection d’herbes médicinales et ont fait des études approfondies sur la botanique et les traditions médicales anciennes, ainsi que sur la pharmacopée tibétaine et chinoise.

[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Banni%C3%A8re_de_la_Paix_de_Roerich

[8] https://www.roerich.org/roerich-pact.php

[9] https://www.roerich.org

 

Bibliographies en français :

  • NICOLAS ROERICH. Une vie dédiée à l’art, la beauté, la paix Marie-Agnès DOMIN. Edition : Diffusion Traditionnelle. 2019
  • ELENA ROERICH. Un chemin de Lumière. Marie-Agnès DOMIN. Edition : Diffusion Traditionnelle. 2020
  •  NICOLAS ROERICH – La vie et l’œuvre d’un maître russe. Jacqueline DECTER. Edition : AGNI YOGA . 1995
  • NICOLAS ROERICH, 1874-1947. DU BLé Didier.  Editeur : À Compte D’auteur/Pax Cultura, Chartres, 1985
  • GEORGES ROERICH. Sur les pistes de l’Asie centrale. Librairie Orientaliste Paul Geuthner.  Paris, 1933

Pour les écrits de ou sur Nicolas Roerich, vous pouvez lire ou téléchargez les documents suivants sur le site du Musée  :  https://www.roerich.org/roerich-writings.php

  • 1928 –  La Joie de l’Art. Nicolas Roerich
  • 1929 – L’Expédition Roërich en Asie Centrale de M. de Vaux Phalipau et Georges Chklaver
  • 1930 – Le Messager Français. New York II
  • 1931 – Le Pacte Roerich. Banniere de Paix. (Paris) Préface de N.Roerich. Rédigé par Georges Chklaver
  • 1931 – Nicolas de Roerich (Gand Artistique, Art et Esthetique, No. 10 and 11, 1931). Revue. Articles de N.Roerich et autres auteurs sur N.Roerich
  • 1932 – D.Runes. Goethe. A Symposium. Livre. Introduction de N.Roerich et autres articles de différents auteurs.
  • 1933 – Sur les Pistes de l’Asie Centrale. Georges Roerich.

Pour quelques écrits d’Eléna Roerich, ainsi que poèmes et écrits de Nicolas Roerich, vous pouvez les lires sur le site : http://fr.agni-yoga.com/textes_livres.php

La liste des écrits d’Eléna Roerich se trouvent également sur le site : https://www.editions3m.com/livre.php?ID=0