Eurythmie

L’Eurythmie recèle d’infinies possibilités de perfectionnement, car l’instrument dont elle dispose est le corps humain lui-même.

Or celui-ci est une expression de tous les mystères de l’univers.

Il est un authentique microcosme. L’âme humaine, quand elle parle à travers lui, est alors en mesure d’offrir artistiquement au regard, par la manifestation de sa propre vie intérieure, tous les mystères de l’univers.

R.Steiner. Torquay, été 1924

Comme son nom l’indique, la base de l’ Eurythmie, c’est le rythme.

Celui-ci est aussi la base de la vie. Lorsque nous naissons, nous entrons sur le chemin de notre vie sur terre par un « inspir » et lorsque nous laissons ce chemin, lorsque nous quittons cette vie sur terre, nous le faisons par un « expir ».

Cette respiration nous accompagnera, tout le temps de notre vie, entre cet « inspir-expir ».

Façonné à notre image, imprégné de nos émotions, car elle est mobile et adaptable. Nous le voyons si bien lorsque lors d’une peur ou d’une joie, elle accélère ou bien lorsque lors d’une méditation, de certains exercices, elle va ralentir

A cela va s’ajouter l’influence au niveau cardiaque.

Le rythme se trouve partout dans la nature. Nous le voyons par exemple dans le mouvement de la lune qui tournant autour de la terre ne décrit pas un cercle mais une ellipse, tout en s’approchant ou s’éloignant de nous.

Nous le voyons aussi avec les vagues de la mer, les marées. Nous pouvons également dire que la terre « respire » par le rythme du jour et de la nuit, par le cycle des saisons.

 

Ces rythme, ces mouvements en l’être et dans la nature si multiples et divers sont pourtant d’une grande mobilité harmonieuse, sous l’apparence de chaos, se tient une ordonnance puissante..

C’est bien ce qui nous différencie de la machine qui elle, ne s’adapte pas, elle répète toujours la même chose, cela lui donne l’élément de froideur, de raideur, de mort. La répétition ne porte pas la vie.

Le monde d’aujourd’hui, part la technologie très développé, nous demande d’aller toujours plus vite, d’être toujours plus présents à la machine qu’à la vie qui se déroule autour de nous. Même dans l’éducation de nos enfants, nous allons trop vite. Nous leur enlevons trop souvent le temps de l’enfance, en voulant les faire grandir trop vite.

Nous pouvons nous poser la question : comment faire aujourd’hui pour  ne pas perdre le rythme ? comment trouver l’équilibre entre ces 2 situations ? car le manque de rythme sain en lien avec les rythmes de l’univers et adapté à notre organisme conduit souvent à la violence, à la perte de « soi ».

Le rythme est lié à l’existence de tout un système ordonné, celui de l’univers. Si le rythme se déstructure, se chaotise, il y a difficulté, puis maladies que ce soit pour l’homme ou la nature.

L’ eurythmie, une respiration en mouvement en harmonie avec l’être et la nature, qui par cela devient thérapeutique.

 Le sens du mot « eurythmie » : En grec « Eu-rythmos » veut dire : le rythme juste, harmonieux et bien accordé.

L’ eurythmiste laisse vibrer son corps au son de la poésie, de la musique et rend ces sons visibles dans l’espace, à travers des gestes et des mouvements.

Ces mouvements ne sont pas arbitraires : chaque voyelle, chaque consonne, chaque note de musique correspond à un geste spécifique.

L’ ambiance d’un poème ou d’une musique peut transformer la vitesse des pas, peut nous faire monter sur les pointes, vers un espace de légèreté et d’ouverture, les bras en état d’apesanteur (comme dans la joie) ou, au contraire, replier le corps, le regard vers le bas, les pieds lourds, la sensation de poids qui grandit, comme dans la tristesse ou la douleur. Un poème lyrique ne peut pas être interprété en mouvement comme un poème dramatique.

En musique, un mode mineur, nous fera (par exemple) bouger de façon courbe, vers la gauche et vers l’arrière, plus réceptif, tandis que le mode majeur nous incite à aller tout droit et en avant  vers la droite.

Ceci ne sont que des bases sur lesquels l’ eurythmiste prend appui, avant d’aller plus loin ou tout ces « ingrédients » seront subtilement mélangés et bien dosés.

L’ eurythmie est donc une musique, une parole, modulable à souhaits, donnant comme dans la parole, des possibilités infinies d’exprimer notre vie intérieure.

C’est un art qui conduit progressivement au développement d’une écoute de plus en plus subtile, à une qualité d’attention de plus en plus grande, au développement sensible d’un certain sens artistique. Par l’intégration et l’ajustement du rythme au corps humain une croissance de l’apaisement intérieur mélangée à la joie de vivre, avec en plus une adaptation plus facile aux circonstances de la vie, est obtenue.

Un exercice de base, mais essentiel, s’appelle : « tension-détente » ou « contraction-expansion ». C’est un exercice très simple. Une des manières de le pratiquer et de laisser le corps s’enrouler et se dérouler. Se replier, vers l’espace du bas (des profondeurs) et se déplier complètement ouvert vers l’espace des hauteurs. On peut le voir comme une plante se déroulant vers le soleil. Ceci peut se faire sur place ou en se déplaçant vers l’intérieur et l’extérieur d’un cercle, avec d’autres personnes. Cela peut commencer lentement et avoir une accélération graduelle, et après quelques aller/retour se terminer par un nouveau ralentissement jusqu’à sa place de départ.

Un exercice tel que celui-ci nous apprend, petit à petit, à prendre conscience de l’espace comme si il était un être vivant. Il peut, par exemple, se rétrécir et devenir sombre ou se dilater et devenir lumineux.  L’exercice nous apprend aussi à être attentifs à ce corps, à l’écoute des moments de tension et de détente.  Si je ferme ma main, je peux le faire avec douceur, ou force, le corps aussi peut se plier de manière douce ou dense, lourd ou même crispé. Dans l’exemple d’un texte dramatique, je vais prendre conscience comment ma tête s’abaisse, comment le corps se replie, la perte du contact avec le monde des autres, comment je m’enferme plus facilement sur moi-même, pouvant aller jusqu’à la tristesse.

Les sentiments, les pensées, induisent des mouvements, des gestes, et inversement les gestes, les mouvements produisent des émotions, des pensées.  Nous prenons conscience de l’interrelation permanente de ces trois zones de nous-mêmes : le penser-le ressentir-l’agir. Cette tripartition de l’être humain ou les rythmes interagissent.

Ce que met à jour l’ Eurythmie, c’est la profonde unité de la nature humaine, le sentiment vivant que toutes les aptitudes de l’homme sont reliées entre elles.

Un autre aspect des plus importants de l’exercice, est la prise en compte du monde des autres. Lorsque nous nous approchons du centre du cercle et que l’espace se réduit, ou bien lorsque nous nous éloignons et que l’espace entre nous se dilate, comment nous ressentons nous ? Et lorsque nous accélérons ou ralentissons, comment nous « entendons-nous » comment ne faire qu’un sans se perdre soi-même ?

Ceci est un petit aperçu de ce que peut contenir un des exercices les plus simples.

L’ Eurythmie étant un art du mouvement qui réunit la musique, le langage, la couleur, son apprentissage nécessitera un approfondissement de ces arts.

Cet apprentissage de base commune, peut par la suite se « spécialisé » vers trois domaines : l’artistique, le thérapeutique, le pédagogique.

L’ eurythmie artistique exige une grande sensibilité artistique et se représente sur scène, éclairages et étoffes colorés ajoutent de grandes possibilités d’expression en venant souligner et renforcer l’atmosphère et le contenu des gestes et des formes exécutées dans l’espace.

L’ eurythmie thérapie utilise le pouvoir guérisseur des gestes de façon spécifique selon les difficultés d’ordre physique ou psychiques.

L’ eurythmie pédagogique est pratiquée dans les écoles, le plus souvent appelé école Waldorf.

Chacune de ces branches peut avoir des sous branches, comme pour l’eurythmie dite « hygiénique ». Voir sur ce site la sous page à celle de L’ Eurythmie.

Nous avons vu comment par la respiration du corps, cet inspir/expir, nous pouvons exister sur terre, nous avons aussi vu comment dans la poésie, la joie ou la tristesse, s’exprime dans nos gestes. Egalement par la musique avec comme exemple le majeur/mineur, comment l’intériorité ou l’aller vers le monde extérieur avec élan peut se vivre.

Tout ceci nous parle de « respiration », de se tourner vers le monde extérieur ou  bien vers son monde intérieur. Nous pouvons donc dire que l’eurythmie est une respiration. Une respiration de l’âme, des sentiments, du corps et de l’ esprit en mouvements.

 

En images, quelques souvenirs des représentations en Aveyron, des groupes amateurs.

http://www.lesartsdurythme.fr/representations-annees-passees/

Quelques enregistrements de spectacles, proposés par des Compagnies d’Eurythmie ont étés mis sur le Net.

http://www.lesartsdurythme.fr/video/