Le Gui, plante d’un autre monde.1.Botanique

« Chaque fois que les arbres se dépouillent de leurs feuilles mortes, le gui reparaît vert et porteur de fruits. Il appartient au décor su solstice d’hiver. Accroché aux branches dont le tissu scléreux prolonge, dans l’air, le règne de la Terre, le Gui ne cesse de surprendre par sa vie déployée dans l’apparence hivernale de la mort ».

 

LE GUI, PLANTE D’ UN AUTRE MONDE

 ETUDE BOTANIQUE 

Dr Jean Hubert GUEGUEN

                                                                                                                           

  Le gui appartient à la famille des Viscacées.

Pour FOURNIER, le nom français ‘‘gui’’ dérive du latin viscum, du viscus = ‘‘glu’’ que l’on extrait de la plante (cf. le Grand Albert). Selon le « Dictionnaire universel de Matière Médicale et de Thérapeutique générale » de MERAT, le nom français viendrait du gaulois gwid = « arbuste », comme pour dire ‘ « arbuste par excellence ».

Selon BEZANGER-BEAUQUESNE citant HATZFELD et DARMESTETER, le nom latin Viscum album viendrait de viscus = ‘‘glu’’ (en grec ixos, ou ixas chez Théophraste) et de albus = ‘‘blanc’’ à cause de la couleur des fruits. Le nom français ‘‘Gui’’ viendrait du latin viscum devenu wiscum sous l’influence de l’ancien haut-allemand wiz = ‘‘blanc’’.  Au XIVe siècle, le Gui s’appelait « vist de pommier ».

  • Description

Le Gui est un sous-arbrisseau dioïque de 20 à 100 cm de long, formant de grosses touffes aux branches des arbres sur lesquelles il est fixé et se développant d’une manière grossièrement arrondie.

A partir d’une graine déposée sur une branche, la plante émet une pseudo-racine ou suçoit conique et envoie des cordons se développant dans le liber et dans le parenchyme de l’écorce de la plante-hôte, et pouvant émettre par endroits d’autres suçoirs. La tige verte ou vert jaunâtre, ligneuse, arrondie, se ramifie en de nombreux rameaux, flexibles, articulés, pseudo-dichotomes. Les rameaux sont munis à la base d’une paire de bractées squamiformes. La tige est recouverte d’une cuticule très épaisse qui augmente avec l’âge par formation de nouvelles couches cuticulaires à l’intérieur des précédentes. L’épiderme est persistant et suit la croissance en épaisseur de la tige. Le faisceau libéro-ligneux est formé d’environ cinq faisceaux ovales.

Les feuilles vertes ou vert jaunâtre sont généralement opposées, sessiles, simples, entières, épaisses, persistantes, coriaces, oblongues, obtuses, plus ou moins longuement rétrécies vers la base. Le limbe est parcouru par trois à sept nervures parallèles, plus apparentes sur la plante sèche que sur la plante vivante. Au point de vue histologique, la feuille est formée d’un épiderme recouvert d’une cuticule très épaisse ; les deux faces sont munies de gros stomates entourés par deux cellules disposées en croissant parallèlement au grand axe de l’ouverture : ces stomates réalisent le type paracytique. Le mésophylle homogène non palissadique, riche en cristaux étoilés d’oxalate de calcium, se compose de cellules chlorophylliennes globuleuses ou ovoïdes.

Les fleurs d’un vert  jaunâtres sont situées en groupes de trois à six, aux bifurcations des ramifications ou à l’extrémité des rameaux. Unisexuées et dioïques, elles sont apparentes, car apétales. Les fleurs mâles ont quatre sépales, quatre étamines à nombreux sacs polliniques intimement soudés aux sépales, au point qu’ils paraissent incrustés dans ces derniers. A la face interne des sépales, on voit, appliquée, une anthère, qui s’ouvre en dedans par un grand nombre de petits pores. Les fleurs terminant l’axe ont six pétales. Les fleurs femelles sont encore plus curieuses : petites, à ovaire infère adhèrent surmonté s’un style court à petite tête stigmatifère, elles sont composées de quatre petits sépales charnus soudés à l’ovaire et de deux carpelles soudés entre eux par leur face interne, ce qui détermine l’absence de cavité ovarienne. Il n’y a pas d’ovules proprement dit. Ils sont réduits à deux cavités étroites et allongées, un peu arquées : les sacs embryonnaires. Les tissus nectarifères sont développés au sommet de l’ovaire dans les fleurs pistilées et à l’endroit qui lui correspond dans les fleurs staminés.

Le fruit est une baie globuleuse, blanche, plus rarement jaunâtre, charnue, translucide. La baie est couronnée des cicatrices des sépales et du style ; le péricarpe est pulpeux et visqueux et entoure un albumen renfermant un, deux ou jusqu’à trois embryons verts, obliques, à deux cotylédons et à radicule supère, dont le sommet dilaté et obtus fait saillie hors de la semence. La glu est préparée à partir des tiges de Viscum album et des baies de Loranthus europaeus.

Il existe des Viscum à fleurs monoïques. Certains d’entre eux ont la fleur trimère.

Pour Fournier, le gui a une odeur et une saveur désagréables. Planchon et Collin considèrent la plante fraîche comme inodore, de saveur âcre et amère : ils attribuent à la plante sèche une odeur désagréable.

  • L’arbre, terrain nourricier du Gui.

Rudolf Steiner, dans son premier Cours aux médecins (25 mars 1920), définit le tronc des arbres comme des « excroissances de la terre »1. Le tronc de l’arbre et ses grosses branches constituent ainsi « une sorte de terre » pour ce qui y pousse. A la différence de Nuytsia floribunda, Loranthacée d’Australie, le Viscum album d’Europe n’a pas la possibilité de prendre racine ni de faire un  tronc ; aussi, pour son développement et sa croissance, s’insère t’il obligatoirement sur un arbre porteur ou arbre-hôte. Le Gui vit en semi-parasite sur une quantité impressionnante d’arbres.

 

Extrait de l’ouvrage « LE GUI ET LE CANCER »

Le Gui, plante d’un autre monde.                                                                                        Publié avec l’autorisation de l’auteur.